La pauvre petite PS4 n'a pas énormément de titres à mettre
en avant à l'occasion de son lancement. Heureusement, quantité et qualité ne
sont pas synonymes. C'est un titre en particulier qui cristallise les
différentes attentes autour de la machine, il s'agit bien entendu de Killzone :
Shadow Fall. Le dernier bébé du studio Guerrilla a-t-il la carrure pour porter
un tel fardeau ? Il ne sauvera peut-être pas le line-up de lancement à lui tout
seul mais il aura au moins le mérite de nous donner foi en l'avenir de la
console.
Bien loin du manichéisme habituel
Toi qui entres ici sans avoir terminé Killzone 3, abandonne
tout espoir de ne pas te faire spoiler. En effet la fin du précédent opus était
particulièrement radicale : on assistait purement et simplement à la
destruction d'Helghan. Trente années se sont écoulées entre cette catastrophe
planétaire et l'action de ce Killzone : Shadow Fall. Les Vektans ont été
obligés d’accueillir les réfugiés survivants et la planète Vekta est désormais
divisée en deux par un immense mur : d'un côté une pseudo démocratie qui se veut
propre sous tous rapports, de l'autre une dictature militaire qui gère tant
bien que mal la misère de son peuple. Dans ce contexte qui s'inspire
ouvertement de la guerre froide, vous incarnez un Shadow Marshall chargé de
maintenir la paix précaire entre les deux camps. Ce rôle très particulier vous
permettra de constater que la réalité est loin d'être aussi simple qu'il n'y
paraît, il n'y a pas des gentils d'un côté et des méchant de l'autre. Alors
que la plupart des FPS actuels se contentent de nous balancer dans un conflit
manichéen en nous demandant tout simplement de dégommer consciencieusement les
soldats ennemis, Killzone : Shadow Fall nous offre une vision du monde plus
complexe et plus grise. Les différents éléments à collectionner tout au long des
niveaux vont dans ce sens-là et vous permettront de constater que la propagande
sévit des deux côtés du mur. Bref, le personnage qu'on incarne, et par
extension le joueur lui-même, est amené à se poser des questions, à réfléchir
pour comprendre le monde qui l'entoure dans sa complexité.
Comme un air de bon Crysis
La
campagne solo est particulièrement variée.
Cette volonté de faire appel aux capacités de réflexion du
joueur se traduit aussi au niveau du gameplay.Alors que les précédents Killzone
mettaient plutôt l'accent sur une action intense dans le cadre de niveaux très
linéaires, cet épisode élargit notre horizon et nous donne davantage le choix
de notre approche. Vous êtes une vraie brute et vous aimez vous lancer à corps
perdu dans la bataille ? Libre à vous de foncer la tête la première mais
méfiez-vous, vous risquez de mourir rapidement... Si vous prenez le temps de
réfléchir à la situation, vous pouvez plutôt vous la jouer plus ou moins
furtif. En ouvrant un peu les yeux, vous découvrirez que les environnements
sont loin de se limiter à de simples couloirs, vous trouverez très souvent des
chemins détournés pour prendre les ennemis de revers. Il s'agit parfois d'un
conduit d'aération, parfois d'un petit détour dans le décor, dans tous les cas
c'est aussi l'occasion de mettre la main sur des armes variées ou sur des
objets à collectionner. Le level design est touffu, intelligent et truffé de
surprises. Le gameplay est pensé pour vous aider à explorer ces environnements.
On pense notamment à l'écho tactique qui, d'une simple pression sur la croix
directionnelle, vous dévoile les ennemis et les objets environnants. N'allez
pas penser que ce radar simplifie trop la tâche, il vous permettra juste de
mettre une stratégie au point avant d'attaquer. Au final, on se retrouve avec
un jeu dont le rythme est très différent de celui de ses aînés et qui se
rapproche davantage de ce que l'on aurait aimé retrouver dans les derniers
Crysis. Exit l'action non-stop dans un couloir scripté et bienvenue à une
aventure équilibrée qui vous tiendra en haleine plus de dix heures en variant
les plaisirs.
Il n'est pas chouette mon drone ?
Le principal gadget qui vous changera la vie est bien
entendu le drone qui vous accompagne tout au long de la campagne. Cet animal de
compagnie next-gen a différentes fonctions toujours associées à la gâchette L1.
Pour commencer, il peut vous réanimer quand vous tombez au combat, à condition
bien entendu d'avoir encore une poche d'adrénaline en stock. Ce retour de la
dernière minute vous permet même d'activer un petit bullet time lorsque vous
visez. Le drone, que vous pouvez appeler par le petit nom de OWL, est aussi
capable de hacker les terminaux ennemis pour désactiver par exemple les alarmes
et éviter que les renforts ne rappliquent. Ce fameux OWL est aussi directement
lié à la surface tactile de la manette PS4 : vous pouvez en effet choisir
rapidement l'une de ces quatre dernières fonctionnalités en glissant rapidement
le doigt sur le pavé de la DualShock 4. Le drone est ainsi capable de déployer
une tyrolienne, de se transformer en véritable tourelle automatique volante,
d'étourdir un groupe d'ennemis ou encore de mettre en place un bouclier
énergétique.Les différentes capacités du OWL vous permettent surtout d'avoir le
choix de la tactique adoptée : certains vont par exemple chercher le
meilleur coin dans la map qui leur permettra de rester à l'abri derrière leur
bouclier tandis que d'autres préféreront se la jouer mobile en envoyant le
drone créer un contre-feu et focaliser l'attention pour ensuite prendre les
ennemis par derrière. Bien plus qu'un simple gadget, le OWL s'impose comme une
véritable trouvaille qui apporte encore plus de diversité dans le gameplay.
Les
décors sont tout simplement somptueux.
Si Killzone : Shadow Fall est une réussite en termes
d'ambiance et de jouabilité, il ne faut pas non plus être hypocrite, c'est
avant tout une claque graphique qui s'impose au joueur. Remettons les choses
dans leur contexte, les possesseurs de PC disposant d'une très très grosse
config ne seront pas époustouflés, par contre, lorsqu'on compare le titre aux
autres jeux sur consoles, on se rend compte qu'il s'agit-là d'un véritable bond
en avant. Entre les fumées volumétriques réalistes, les effets de lumière
somptueux (mais parfois un peu trop appuyés), les reflets dynamiques dans les
moindres flaques d'eau, l’incroyable profondeur de champs de certains décors ou
la gestion des particules, vous aurez vraiment du mal à détacher les yeux de ce
spectacle somptueux. Notez aussi que le jeu tourne environ à 30 fps dans le
solo mais qu'il monte à 60 fps constant dans le multi histoire de s'adapter un
peu mieux à la nervosité des parties en ligne. En un mot, Killzone :
Shadow Fall nous prouve bel et bien que la PS4 en a sous le capot. Si vos
rétines seront à la fête, on peut en dire autant de vos petites oreilles : les
bruitages ont été travaillés pour s'adapter de manière dynamique aux différents
environnements et les musiques sont un véritable régal. Deux compositeurs ont
été mobilisés pour l'occasion : Tyler Bates s'est chargé de l'ambiance
futuriste du côté des Vektans, tandis que Lorn nous propose un son plus
industriel pour coller aux Helghasts. D'un bout à l'autre du jeu, la
réalisation est une vraie réussite, tout juste avons-nous pu noter un petit bug
de progression qui nous a demandé de relancer le jeu au dernier point de
sauvegarde. On mettra ce petit désagrément sur le compte du fait que nous avons
réalisé le test sur une version non finale du jeu, il est fort à parier que le
problème sera résolu lorsque le jeu arrivera dans vos mains.
Pimp my Warzone !
Vous l'aurez compris, Killzone : Shadow Fall peut compter
sur un solo ébouriffant, mais ça ne lui empêche pas de proposer aussi un
multijoueur solide. 24 joueurs peuvent ainsi se retrouver sur une dizaine de
maps plutôt bien conçues pour se mettre joyeusement sur le coin de la figure.
Le drone est de la partie mais il sera alors assigné à une fonction bien
particulière suivant la classe choisie. Chacune des trois classes dispose
d'ailleurs de compétences qui lui sont propres et parmi lesquelles il vous
faudra en choisir deux. Le scout pourra par exemple se rendre invisible, tandis
que le support est capable de réanimer ses petits potes. Autant vous
prévenir, ce multijoueur ne révolutionne pas totalement les recettes
habituelles du genre, la seule véritable originalité tient à la possibilité de
customiser ses modes de jeu. En effet les fameuses Zones de Guerre qui
permettent d'enchaîner différents objectifs sont de retour mais il est
désormais possible de paramétrer ces fameuses missions. Vous avez le choix
entre 8 types de missions relativement classiques allant du CTF à la
capture de territoire en passant par le team deathmatch. Là où ça se corse,
c'est qu'il est aussi possible de définir de manière plus fine les règles du
jeu en excluant par exemple certaines armes ou certains équipements. Vous
voulez lancer un mode où seuls les couteaux et les grenades seraient autorisés
? Killzone : Shadow Fall est fait pour vous... On apprécie enfin le fait que
toutes les armes soient disponibles dès le départ, et on se contente de
débloquer des accessoires en réalisant des défis. Rassurez-vous, vous n'êtes
pas près d'en voir le bout puisque ce sont pas moins de 1.500 petits challenges
qui vous attendent si vous comptez faire le multi à fond. Vous avez peur de
faire rapidement le tour des 10 maps proposées ? Guerrilla nous annonce déjà
que d'autres environnements arriveront en DLC gratuits. Si ce
multijoueur n'est pas d'une originalité folle, il s'avère tout de même
suffisamment prenant pour vous assurer de rester scotché de longues heures
durant devant ce Killzone : Shadow Fall.
Les images qui accompagnent cet article nous ont été
fournies par Sony
18/20
Il n'y a pas de doute, Killzone : Shadow Fall est bel et
bien le jeu le plus attrayant du line-up de lancement de la PS4 : non seulement
c'est un succès technique, mais c'est aussi une belle leçon de level design
réussi et de scénario intelligent. Si le solo est flamboyant, le multijoueur
est un peu plus classique mais il n'en demeure pas moins de très bonne facture.
Bref, Guerrilla met la barre très haut dès le lancement de la PS4 et on espère
retrouver bien vite d'autres titres de cette trempe sur la console de Sony
+Une claque graphique
+Une bande-son magistrale
+La possibilité d'aborder les objectifs comme on l'entend
+Le scénario bien loin du manichéisme habituel
-La VF inégale
-Une difficulté parfois étrangement dosée